Vieillir chez soi : à quoi ressemblera le domicile du futur ?
Publié le 12 mar 2025
Le nombre de personnes âgées de 75 à 84 ans sera de 6 millions en 2030, soit une hausse de 50% par rapport à 2020. Dans le même temps, 90 % des Français souhaitent vieillir chez eux. Comment rendre cela possible ? A quoi ressemblera le domicile du futur pour les personnes âgées ? Quelle place donner aux technologies et à la domotique pour faciliter le soutien au domicile ?
Qui sont les personnes âgées de demain ?
Le pic de natalité d’après-guerre se traduira dans les prochaines décennies, par une croissance exponentielle de la population âgée en France. Ces baby-boomers, qui ont grandi dans une période de prospérité, de consommation et de liberté, ont des valeurs et des aspirations différentes des générations précédentes. Ils privilégient l’autonomie et la qualité de vie et souhaitent maîtriser leur vieillissement. Ces seniors souhaitent vivre « chez eux » le plus longtemps possible.
Or, l’avancée en âge s’accompagne souvent de problèmes de santé physiques ou psychologiques : risque de chutes, maladies, perte d’autonomie, sentiment de solitude et d’isolement… Le souhait de rester « chez soi » jusqu’à ses derniers jours nécessite donc de repenser le logement de demain pour l’adapter aux besoins du grand-âge.
Mais il ne suffit pas de dire que la proportion des personnes de plus de 65 ans augmente fortement. Il faut affiner et considérer trois tranches d’âge aux besoins très différents :
- Les 60-75 ans: des seniors actifs et retraités, autonomes, indépendants. Ils ne font pas l’objet de politiques publiques particulières… et n’en ont pas besoin, hormis pour la prévention des premières fragilités
- Les 75-84 ans: des personnes âgées qui commencent à connaître quelques fragilités (physiques, psychiques, sociales) mais qui, dans leur immense majorité, vivent à domicile. L’enjeu est de tout faire pour leur permettre de retarder le plus possible l’entrée dans la dépendance et leur nombre va exploser dans les prochaines années
- Les 85 ans et plus: cette population à largement besoin de recourir aux services à domicile et aux solutions d’hébergement. Elle foit l’objet de politiques publiques nationales, départementales et locales réelles
Domicile du futur : un chez soi sur-mesure
Un lieu de vie adapté au grand-âge
Chaque année en France, « deux millions de chutes de personnes âgées de plus de 65 ans sont responsables de plus de 10 000 décès ». L’adaptation du logement est donc une priorité absolue pour permettre le maintien à domicile dans de bonnes conditions.
Les pouvoirs publics ont d’ailleurs mis en place le dispositif MaPrimeAdapt’, qui finance une partie des travaux d’aménagement du logement. Les chiffres montrent que les français y ont souvent recours trop tardivement et attendent souvent qu’un accident se produise pour se lancer dans ces travaux pourtant indispensables. L’anticipation est donc la clé permettant de garantir la sécurité des aînés en maintien à domicile.
L’importance de l’évaluation de l’ergothérapeute
L’adaptation du logement est primordiale pour la sécurité des personnes âgées. Encore faut-il connaître les travaux qu’il est nécessaire d’effectuer ! C’est là, la mission de l’ergothérapeute.
Il est le professionnel le mieux placé pour évaluer les besoins spécifiques d’une personne âgée au sein de son environnement. Il prend en compte non seulement les capacités physiques de la personne, mais aussi ses habitudes de vie, son environnement social et les risques potentiels liés à son logement. Suite à cette évaluation approfondie, il propose des aménagements adaptés, des aides techniques et des conseils personnalisés pour améliorer le confort et la sécurité du senior à domicile.
Un logement fonctionnel et évolutif
Les besoins d’une personne âgée peuvent évoluer rapidement. Un logement adapté à l’année N, ne le sera peut-être plus à l’année N+1. C’est pourquoi, l’adaptation du logement doit se faire dans une logique d’anticipation, c’est-à-dire parer à toutes les difficultés liées à la dépendance même si elles ne sont pas encore présentes.
Le rapport de l’ANAP donne des recommandations pour le domicile des seniors : éclairage automatique des pièces, portes coulissantes, chemin lumineux, prises faciles d’accès, rampe d’escalier, barre d’appui dans la salle d’eau, monte-escalier, sol anti-dérapant…
L’intérêt de la domotique pour les seniors
Les personnes âgées ne sont généralement pas férues de technologie. Cependant, certains dispositifs sont extrêmement pratiques et utiles pour simplifier leur quotidien. Par conséquent, le logement de demain sera « connecté et intelligent », notamment grâce aux outils numériques et à l’IA (intelligence artificielle).
Ces technologies peuvent être de véritables supports pour garantir le bien-être et la sécurité des personnes âgées. Des volets roulants à l’éclairage automatique en passant par les systèmes de téléassistance et les piluliers connectés qui rappellent la prise de médicaments, la domotique permet aujourd’hui de résoudre de nombreuses problématiques liées au maintien à domicile.
Des technologies qui continuent de se développer et de se démocratiser pour permettre à l’habitat de demain d’être au plus proche des besoins des personnes âgées.
Élargir l’offre de services à domicile
L’ANAP souligne l’importance d’adapter les services à domicile aux besoins spécifiques des personnes âgées afin de favoriser leur maintien à domicile.
Le libre choix et l’individualisation des services sont essentiels. Pour cela, il est nécessaire de :
- Diversifier l’offre : proposer une gamme complète de services (aide à domicile, soins, hébergement temporaire, hospitalisation à domicile…) pour répondre à tous les besoins
- Améliorer le maillage territorial : assurer une couverture géographique adaptée pour faciliter l’accès aux services
- Consacrer du temps au lien social : accorder une importance égale au soutien psychologique et relationnel, en complément des soins
- Simplifier les démarches pour les personnes âgées et leurs aidants :
- Centraliser l’information : mettre en place des services d’accueil et d’orientation uniques pour faciliter l’accès aux informations
- Simplifier les procédures : réduire la complexité administrative et les démarches à effectuer
- Favoriser la coordination en améliorant la collaboration entre les différents acteurs : médecins, infirmiers, aides à domicile…
La création des Services Publics Départementaux de l’Autonomie (SPDA) constitue une avancée importance pour atteindre ces objectifs. Ces services ont pour mission de simplifier les parcours de vie des personnes âgées et de leurs aidants en centralisant l’information, en évaluant les besoins et en coordonnant les interventions.
Trouver un autre « chez soi »
Lorsque le domicile historique n’est pas adapté au grand-âge soit par sa configuration, soit par sa situation géographique excentrée, effectuer des travaux d’adaptation ne suffit pas toujours.
Les seniors doivent alors se résoudre à quitter leur logement pour trouver un nouveau lieu de vie. Pour que cette situation soit bien acceptée, il faut qu’il s’agisse d’un choix consenti par la personne elle-même et non une solution qui s’impose à elle.
Les personnes âgées autonomes privilégient des solutions qui leur permettent à la fois de bénéficier d’un environnement convivial et sécurisé et de conserver leur rythme de vie et leur intimité. Les options les plus prisées par cette population sont les résidences services seniors et les colocations seniors.
Repenser les soins à domicile
Face à une demande de soin et d’accompagnement qui ne cesse d’augmenter et ne faiblira pas, les établissements de santé et médico-sociaux sont sous tension. C’est pourquoi le maintien à domicile des personnes âgées, en plus d’être une réponse à leurs attentes, est un levier de performance indispensable pour le système de santé.
« Permanences de nuit, gradation des soins à domicile avec des équipes de premier recours, priorité à l’hospitalisation à domicile, développement massif des outils numériques et valorisation des intervenants à domicile : nous avons identifié des leviers clés pour bâtir une offre de soins et d’accompagnement qui permette aux Français de vieillir à domicile en sécurité, entourés et soutenus. » affirme Stéphane Pardoux Directeur Général de l’ANAP.
Investir dans l’adaptation des logements au vieillissement de la population permettra de répondre aux attentes des personnes et de leurs proches de pouvoir bien vieillir à domicile. Elle permettra aussi de réduire les hospitalisations et le recours aux urgences et de faciliter le retour à domicile après une hospitalisation.
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