Insuffisance rénale : la détecter tôt pour protéger vos reins

Publié le 10 jan 2025

Avis d’expert

L’insuffisance rénale chronique est une maladie irréversible d’apparition lente. Les reins cessent progressivement de fonctionner et les déchets du métabolisme s’accumulent dans le corps. La dialyse et la greffe de rein sont les traitements les plus fréquents de cette maladie grave dont les symptômes n’apparaissent que tardivement. Quels symptômes doivent vous alerter ? Comment se pose le diagnostic ? Quels sont les traitements ?

 A quoi servent les reins ?

Les reins contiennent plus d’un million de canaux microscopiques, les néphrons, eux-mêmes composés d’un glomérule et d’un tubule connectés aux canaux qui collectent l’urine.

Les reins assurent trois fonctions dans notre corps :

  • Ils filtrent le sang et produisent l’urine. Chaque glomérule est un filtre qui retient les cellules et les grosses protéines du sang, mais laisse passer l’eau, les sels minéraux et les petites molécules. Situé en aval, le tubule réabsorbe les substances dont le corps a besoin et laisse partir dans l’urine les déchets issus du métabolisme (urée, acide urique, créatinine, etc.) ou substances en surplus (eau, sels minéraux, etc.)
  • Les reins régulent la quantité d’eau présente dans le corps, ainsi que la concentration de divers sels minéraux (sodium, potassium, calcium, phosphore, par exemple) dans le sang
  • Enfin, les reins sécrètent diverses hormones : la rénine qui participe au contrôle de la pression artérielle, l’érythropoïétine qui stimule la production de globules rouges, et le calcitriol, forme active de la vitamine D, qui régule le métabolisme du calcium dans le corps.

Qu’est-ce qu’une insuffisance rénale ?

L’insuffisance rénale chronique est la diminution progressive et irréversible de la capacité des reins à assurer leurs fonctions de filtration du sang, de régulation de sa composition et de sécrétion d’hormones.

Cette lente détérioration du fonctionnement des reins conduit à diverses complications, dont l’accumulation des déchets du métabolisme et de l’eau, l’anémie et les troubles cardiovasculaires. L’insuffisance rénale chronique est le plus souvent la conséquence d’une autre maladie, en particulier du diabète et de l’hypertension artérielle.

 Quelles sont les causes d’une maladie des reins ?

La moitié des cas d’insuffisance rénale est due aux maladies chroniques, comme le diabète et l’hypertension artérielle mal contrôlés. Il existe de nombreuses causes entrant en jeu dans l’insuffisance rénale.

L’insuffisance rénale aiguë peut-être due à une infection, une intoxication médicamenteuse ou encore des calculs.

L’insuffisance rénale chronique peut être liée à des maladies génétiques par exemple, ou des maladies inflammatoires, des pyélonéphrites ou encore une polykystose. 5 à 10 % de la population souffre d’une pathologie (notamment le diabète, l’hypertension artérielle) pouvant mener à une insuffisance rénale chronique.

Quels sont les signes et symptômes d’une insuffisance de la fonction rénale ?

Dans les premiers temps, l’insuffisance rénale chronique est asymptomatique, ce qui rend son diagnostic difficile. Les symptômes de l’insuffisance rénale varient selon la forme de la pathologie et son stade.

Quand la fonction rénale est très altérée, certains signes commencent à apparaître. Ces signes sont liés au syndrome urémique qui peut provoquer par exemple :

  • Une anémie
  • Des douleurs (crise de goutte, crampes)
  • Des problèmes métaboliques (perturbation du métabolisme glucidique et lipidique)

Il peut se produire une rétention de sodium qui provoque une hypertension et des œdèmes. Les reins ne filtrent pas assez les déchets. Ceux-ci peuvent s’accumuler et devenir toxiques pour l’organisme.

Les symptômes de l’insuffisance rénale chronique

 De nombreuses personnes atteintes de la maladie chronique rénale ne présentent pas de symptômes. Les signes apparaissent aux stades plus avancés ou en cas de complications. Lorsqu’il y a insuffisance rénale, les symptômes deviennent plus prononcés. Ils se traduisent par :

  • Une fatigue persistante, même après un effort léger
  • Des changements de la miction: diminution ou absence d’urine, ou au contraire, miction plus fréquente, surtout la nuit
  • Une apparence inhabituelle de l’urine: urine mousseuse, troublée ou contenant du sang
  • Des démangeaisons et une peau sèche, indiquant une accumulation de toxines dans le corps
  • Une pâleur 
  • Des nausées 
  • Une perte d’appétit, parfois accompagnée d’un goût métallique dans la bouche, pouvant entraîner une perte de poids involontaire
  • De l’hypertension

À un stade plus avancé de l’insuffisance rénale chronique, les symptômes suivants peuvent se manifester :

  • Des œdèmes: gonflement des jambes, des chevilles, des pieds, et parfois du visage ou des mains, dû à la rétention de liquides
  • Une faiblesse musculaire, douleurs articulaires ou raideur
  • Des crampes nocturneset syndrome des jambes sans repos (impatiences)
  • De la confusion et des difficultés à se concentrer
  • Une altération de l’état mental: irritabilité, mauvaise humeur, et parfois déficit de la vigilance
  • Des troubles du sommeil
  • Un essoufflementparfois associé à une douleur thoracique liés à l’accumulation de liquides dans les poumons
  • Des vomissements
  • Une mauvaise haleine(odeur d’ammoniaque)

Les symptômes de l’insuffisance rénale peuvent se manifester de différentes manières et souvent de façon progressive. Ceci rend leur détection précoce difficile.

Quels sont traitements pour soigner une insuffisance rénale chronique ou aiguë ?

Les traitements dépendent tout d’abord de la cause de l’insuffisance rénale. L’hypertension artérielle doit être contrôlée et la protéinurie doit diminuer, via un régime alimentaire ou des médicaments spécifiques. Les médicaments néphrotoxiques (toxiques pour le rein) doivent être évités et une supplémentation en vitamine D active peut également être prescrite.

Afin de pallier l’insuffisance rénale chronique terminale, il existe deux types de dialyse pour remplacer le travail du rein malade. Ces traitements sont indiqués en cas d’insuffisance rénale aiguë importante ou d’insuffisance rénale chronique terminale.

L’hémodialyse permet de filtrer le sang à travers une membrane artificielle quelques heures par semaine, plusieurs fois par semaine. La dialyse péritonéale est une technique qui utilise le péritoine comme membrane filtrante.

Au stade terminal, la greffe rénale est la seule solution curative. Celle-ci peut s’effectuer à partir d’un donneur décédé ou d’un donneur vivant. Les personnes en insuffisance rénale doivent suivre un régime alimentaire strict avec un apport de sel diminué et un apport protéique diminué également, pour éviter d’augmenter la progression de la maladie rénale.

 Comment prévenir un problème rénal ?

Si certaines causes ne peuvent être évitées, une bonne hygiène de vie permet de diminuer les risques de souffrir de certaines pathologies pouvant être à l’origine d’une insuffisance rénale chronique. Ainsi il convient de :

  • Pratiquer une activité physique régulière et adaptée
  • Manger équilibré en évitant les produits trop sucrés ou trop salés
  • Prendre régulièrement son éventuel traitement contre l’hypertension artérielle ou le diabète
  • Lutter contre l’obésité
  • Lutter contre le stress

Et demain ?

Si aucun traitement n’est mis en place, l’insuffisance rénale chronique se solde par le décès du patient. Jusqu’à présent, la dialyse et la greffe de rein sont les seuls traitements disponibles dans les cas les plus sévères. « Jusqu’à présent », car une découverte effectuée par des chercheurs du CHU de Toulouse, de l’Inserm et de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier pourrait bien changer la donne.

« L’une des principales complications de l’insuffisance rénale chronique est la calcification vasculaire, un phénomène au cours duquel des minéraux s’accumulent anormalement dans les parois des vaisseaux sanguins, provoquant leur rigidification et contribuant au développement de maladies cardiovasculaires graves, qui sont les principales causes de décès chez ces patients« , indique l’Inserm.

C’est là que la découverte de ces chercheurs devient intéressante : ils sont parvenus à identifier une protéine nommée calprotectine et surtout son rôle dans la calcification vasculaire. Dès lors, ils ont pu observer le potentiel thérapeutique du paquinimod, un inhibiteur de la calprotectine, qui se révèle prometteur en tant que candidat médicament pour limiter le développement de la calcification vasculaire.