Proche aidé : quand le caractère difficile

Publié le 08 jun 2023

Aides Aux Aidants

Face à la maladie et à la perte d’autonomie, certaines personnes âgées peuvent devenir coléreuses, irritables, peu coopératives avec les personnels soignants, les aidants et les membres de leur famille. Ce comportement peut rendre difficile leur maintien à domicile et laisse les proches désemparés, se demandant comment gérer une personne âgée difficile. Cette agressivité cache souvent une souffrance physique ou psychique. Voici quelques conseils pour améliorer le quotidien des aidants et des seniors.

 Personne âgée difficile : quelles sont les causes ?

 Il est nécessaire de comprendre d’où vient ce changement parfois brutal de caractère, qui a des causes permet à l’aidant d’agir plus concrètement pour atténuer les conséquences sur la vie quotidienne du senior, ainsi que sur la qualité de la relation aidant-aidé.

Causes pathologiques

 Le comportement difficile d’une personne âgée peut être lié à des problèmes de santé :

  • Certaines lésions cérébrales peuvent provoquer des dysfonctionnements cognitifs. Le senior ne parvient plus à contrôler ses émotions et à adopter un comportement socialement acceptable,
  • Un malade d’Alzheimer peut aussi être réticent aux soins nécessaires,
  • Certaines pathologies peuvent aussi expliquer un changement de comportement : souffrance due à des douleurs chroniques, arthrose, maux de dents…Le senior devient hostile et impatient simplement parce que sa douleur n’est pas traitée.

Causes psychologiques

La transformation du comportement d’une personne âgée peut aussi avoir des causes psychologiques :

  • Les personnes âgées qui, par le passé, étaient sujettes à des phases dépressives ou colériques voient cette tendance comportementale s’aggraver en prenant de l’âge.
  • Un phénomène bien connu des soignants : le « glissement ». Les personnes âgées qui se sentent diminuées n’ont plus goût à rien, refuse de se nourrir, de discuter ou de prendre soin d’elle.

 Savoir écouter, faire preuve de patience et de bienveillance

Il faut s’efforcer de faire preuve de compréhension et de bienveillance, aussi difficile que cela puisse paraître lorsqu’une personne aimée se montre cruelle envers vous.

Tentez d’identifier les changements récents qui auraient causé cette détresse, qu’il s’agisse de la disparition d’un de ses proches, d’une douleur physique ou d’un problème mental, d’un déménagement en maison de retraite ou en milieu hospitalier.

En prenant ces attaques de manière personnelle, on risque d’envenimer le conflit et de pousser plus encore la personne agressive dans ses retranchements en la confortant dans son sentiment d’injustice et de persécution. C’est souvent plus facile à dire qu’à faire mais il faut néanmoins s’efforcer à faire preuve de sagesse qui fait désormais défaut à votre aîné.

Aussi irritant que vous paraissent leur agressivité et leurs caprices, tâchez de vous montrer patient. Demeurez présent dans leur vie même si cela requiert beaucoup d’efforts, car l’agressivité dénote paradoxalement souvent un besoin de présence et d’affection. Vous pouvez manifester cette dernière physiquement si la personne est réceptive, vous contenter d’attendre patiemment la fin de la crise ou tenter de créer une diversion en changeant de sujet.

 Prenez en compte votre propre rôle

Alors que vous abordez une nouvelle étape de vie avec le parent dont vous vous occupez, il est important de savoir que vous ne pourrez pas contrôler tous ses actes, notamment ceux que vous ressentez comme les plus difficiles à vivre pour vous, mais vous pourrez contrôler vos réponses face à ses actes.

Prenez le temps d’analyser et de réfléchir à vos conflits passés afin de réussir à appréhender les choses différemment.

Si vous passez beaucoup de temps avec la personne dont vous vous occupez, faites en sorte de trouver le temps de vous ressourcer physiquement et psychologiquement. Cela vous aidera à rester équilibré et réactif : octroyez-vous des week-ends ou des vacances pour respirer et profiter de ce que vous n’avez plus le temps de faire.

N’hésitez pas à voir un conseiller pour évacuer la culpabilité, la peur ou la colère que vous avez pu éprouver envers cette personne.

 Demandez du soutien

La plupart d’entre nous ne sommes ni des experts du troisième âge, ni de la santé mentale. Il est donc normal d’être pris au dépourvu lorsque l’on se retrouve confronté à cette situation. Il n’y a pas de « mode d’emploi » pour voir ses parents vieillir et se détériorer.

Il est important de pouvoir s’appuyer sur des personnes extérieures en cas de conflit afin d’éviter de vous retrouver seul(e) en première ligne. Essayez de trouver des personnes disponibles pour vous remplacer de temps en temps.

Si vous ne pouvez pas trouver de soutien familial ou que la relation est trop conflictuelle et complexe, n’hésitez pas à faire appel à un organisme gériatrique. Il peut vous offrir du soutien, vous conseiller sur les démarches sociales et vous orienter vers des infirmières spécialisées et d’autres intervenants.

Les précautions à prendre

Il est indispensable pour les aidants de signaliser au plus vite un changement de comportement ou une aggravation de l’état psychologique de la personne âgée. Si vous redoutez de laisser le senior dépendant seul chez lui, ne serait-ce que le temps d’une course, envisagez de souscrire à une téléassistance à domicile ou une téléalarme afin qu’elle puisse alerter les secours rapidement en cas de besoin.

Aussi bien que l’on souhaite faire, il faut toujours essayer de garder deux choses en tête :

  • Le cœur et la raison ne fonctionnent pas toujours main dans la main ! Si l’on a beau se convaincre qu’il faille faire preuve de patience et de compréhension, il arrive que les émotions et la frustration l’emportent
  • Aussi rempli de bonne volonté et armé de patience que vous puissiez être, une aide extérieure d’un professionnel de la santé mentale et de la gériatrie est souvent salutaire. Il ne faut surtout pas culpabiliser de ne pas trouver de solution par soi-même

La délégation à des personnes tierces peut parfois être mieux acceptée par la personne concernée qui pourra se livrer plus facilement à celles-ci.